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Retrouvez tous les anciens posts du blog sur la Certification AMF. Certains doivent être encore cruellement d'actualité d'autres doivent être sérieusement périmés ! A vous de décider ce qui vous intéresse. 

Janvier 2025

J'ai réussi l'examen AMF Finance Durable... et je suis en colère. 

Pourquoi ? 
Est-ce parce que je ne crois pas à la pertinence des sujets abordés ? Certes j'ai bien conscience des limites des produits d'investissement durable et je passe du temps dans mes cours à expliquer pourquoi fonds ISR et obligations vertes sonnent désespérément creux, mais le sujet reste passionnant et les normes telle que la taxonomie européenne sont incontournables. Ce n'est pas cela.
Est-ce parce que une grande partie de ce que je viens d'apprendre risque de partir aux oubliettes avec la nouvelle "boussole de productivité" de l'UE et sa future loi omnibus qui va certainement déchiqueter à la tronçonneuse les obligations liées à CSDR voir le concept clé de la double matérialité ? Certes cette volte face est désespérante non pas dans son principe car clairement le poids des reportings étouffe mais dans son esprit et dans le gâchis qui risque de se produire vu la quantité d'énergie déployée par les entreprises pour se préparer. Mais ce n'est pas cela non plus (j'attendrai la première version de la loi fin février pour m'énerver si besoin). 
Non, la raison est que la base des questions de cet examen est tout simplement truffée d'erreurs, d'imprécisions, d'ambiguïtés et de fautes d'orthographe. J'ai été stupéfait de constater ce niveau de qualité.  

Comment vouloir développer le succès de cette certification AMF Finance durable  dans ces conditions ?

Je vous donne un exemple.
A l'examen j'ai eu 59 sur 60. La seule question que je ne connaissais pas portait sur un sujet qui ne me disait rien et avec une tournure équivoque. Je n'ai pas le droit de citer in extenso une question de la base d'examen donc je dirais juste qu'on me demandait si un référentiel lié à un indice climatique "recommende" (sic) une décarbonation volontaire ou une décarbonation obligatoire. Cette question : 

  • contient une faute d'orthographe tellement grosse qu'on se demande comment elle a pu passer (ils n'ont pas de correcteur automatique ?);
  • ne fait pas sens car ici la bonne réponse est "une décarbonation obligatoire" or naïvement je pensais qu'on ne pouvait pas recommander quelque chose qui est déjà obligatoire et j'ai choisi une autre proposition;
  • semble être de toutes façons erronée car je n'ai trouvé nulle part de confirmation sur ce point ni de référence légale à la question. Une question erronée dans la base de questions officielle ? 

Bref, grammaire, syntaxe et exactitude, le strike pour cette question qui m'a empêché d'avoir 20 sur 20.
J'ai été aidé
Pour être tout à fait honnête je dois tout de même avouer que sur certaines questions j'ai été aidé... par les questions elles mêmes !  Car il y a aussi dans la base une grande quantité de questions qui sont "données". Et ce de plusieurs façons : 

  1. Tout d'abord à l'image de certaines questions de l'examen AMF il y a des messages tellement gros qu'on ne peut pas les rater. En caricaturant cela donne ce type de question. "Doit on demander les préférences en termes de placement durable à un client ? A. Non jamais c'est inutile et de toutes façon la finance durable c'est nul ou B. Oui toujours depuis  août 2022 suite à la modification de Mif2." 
    D'ailleurs quasiment toujours la proposition la plus argumentée (c'est-à-dire la plus longue) est la bonne (attention ce n'est pas une martingale, ça ne marche pas à tous les coups). Il est vrai que rédiger trois propositions toutes détaillées, crédibles mais dont seule une est vrai prendrait beaucoup plus de temps aux rédacteurs (qui ne seraient pas payés plus).
  2. Ensuite il y a des questions avec des propositions de réponse du type "uniquement A" ou "uniquement B" ou "A et B" et dans ce cas c'est presque toujours "A et B" qui est bon. Pour avoir créé beaucoup de questions moi même je vois d'ailleurs très bien la logique du rédacteur (un peu feignant cela étant). Si la règle dit que A et B sont possibles, comment en faire une question ? Première option j'invente des propositions C et D crédibles mais fausses, pas si facile que cela à écrire. Deuxième option, je vais au plus simple et rédige la question qui est aujourd'hui dans la base. 
  3. Il y a aussi des questions vraiment données pour qui sait raisonner deux secondes. Par exemple, une question avec trois propositions A, B et C telle que : si A est vrai alors C est  vrai aussi, si B est vrai alors C est vrai aussi, si C est vrai cela n'implique rien vis-à-vis de A et B. Conclusion, seul C peut être vrai sans qu'une autre proposition le soit également donc c'est la bonne réponse !
  4. Autre aide appréciable, beaucoup de questions ont leur réponse dans l'énoncé d'autres questions ! Par exemple  "qu'est que le rapport Brundtland de 1987 a introduit ?" et question suivante "en quelle date le rapport Brundtland a introduit le terme de développement durable ?" Bingo deux questions d'un coup.
  5. Enfin il y a des questions ou deux propositions parlent d'un sujet mais la troisième de tout autre chose, ou encore des questions ou au moins une proposition est fausse de façon trop flagrante ou encore des questions qu'on croit issues d'un test d'anglais (que veut dire Greenfin => finance verte ?).

Donc non je ne vais pas réclamer à l'AMF une correction de ma note :- ) mais j'ai fait remonter via l'organisme certifié toutes les questions que je trouve ambigües, erronées, mais aussi trop faciles ou sans intérêt... et il y en a plus de 130 parmi toutes celles que j'ai faites durant ma préparation (et je n'ai certainement pas tout vu) !
Pourquoi ? 

  1. L'organisation en place qui est la même que celle pour l'examen AMF produit les mêmes dérives. Les organismes ne sont responsables que d'une petite partie de la base donc la motivation pour produire des questions de qualité est faible. Ce n'est pas leur base donc pourquoi investir dans des questions au top du top ? 
  2. Souvent les organismes externalisent tout ou partie de la création des questions et/ou leur relecture car la compétence manque en interne. Rares sont les organismes qui ont en effet un expert finance durable en poste fixe. Ce n'est pas du tout grave à la condition que le cahier des charges soit exigeant et les moyens suffisants soient mobilisés pour obtenir de la qualité. Vu le résultat on peut penser que certains intervenants ou prestataires ont travaillé au plus vite sans se prendre trop la tête.
  3. L'AMF devrait avoir un rôle de contrôle de la globalité des questions et de leur cohérence. Laisser le soin aux organismes de gérer eux même la base ne fonctionne pas. Aucun organisme ne veut dépenser de l'argent à vérifier que tous les sujets sont couverts et que des questions ne donnent pas d'indices entre elles. C'est pourquoi on retrouve des questions qui donnent la réponse à d'autres et, comme dans la base de questions de l'examen AMF, des sujets sur lesquels beaucoup de questions sont posées non pas car ils ont importants mais parce que c'est facile de créer des questions dessus. 

Agir vite
Je continue à pousser les étudiants que je forme à passer cet examen AMF Finance Durable en complément de la certification AMF car je crois qu'il est intéressant et reste plein d'avenir. 
Mais l'AMF devrait agir vite car trop de questions sont ambigües voire erronées selon moi et les garder en base n'est pas une bonne chose. On me dit qu'une révision aura lieu à partir d'avril. C'est trop tard, il faut agir avant, dès que possible, pour supprimer les questions trop bancales et ensuite dans un second temps (après les importantes évolutions réglementaires prévues au niveau européen en mars par exemple) pour la reprendre de fond en comble. 
C'est une question de crédibilité pour cet examen. 
Vous aussi vous avez des témoignages sur l'examen AMF Finance Durable ? Des commentaires ? 
Ecrivez-moi ! eric.normand @ aptoria.com

10 propositions pour réformer l'examen AMF

1. Alléger la grille des connaissances en supprimant les sujets trop techniques et éloignés du quotidien des conseillers bancaires.
2. Rééquilibrer les barèmes des sujets en ajustant le nombre de questions .
3. Revoir la présentation de la grille de connaissances .
4. Homogénéiser les niveaux de difficulté et la forme des questions. (...)

Faut-il réformer l'examen AMF 

 La révision de la certification AMF en 2020, 10 ans après sa création, avait comme objectif de lutter contre un bachotage systématique et corriger certains défauts. Elle a cependant singulièrement augmenté le niveau de difficulté. Les établissements financiers n’ont pas pris la mesure de ce changement. Les taux de succès se sont écroulés et les conditions d’apprentissage se sont dégradés.  Faut-il réformer l'examen AMF ?


 Conseil 6. Les derniers 100m

Voyons ensemble aujourd'hui les bons réflexes dans la dernière ligne droite, lorsqu'il ne vous reste plus qu'une semaine avant l'examen. 


Conseil 5. Gérer son temps et ses efforts 

Il est toujours plus facile de faire du bon travail lorsque l'on croit en ce que l'on fait. C'est la raison pour laquelle nous nous engageons à aider davantage de personnes, jour après jour.


Conseil 4. Un banc d'essai des plateformes AMF

J’ai pu analyser en décembre 2021 plusieurs plateformes de préparation en ligne à l’examen AMF des 4 principaux prestataires qui les proposent à tous publics : Bärchen, ESB, First Finance, Nouvelles donnes. Il existe d'autres plateformes mais elles ne sont pas (...)

Conseil 3. Comment s'organiser

Vous êtes un marathonien. Il n’y a pas 42 km mais 54 sujets à parcourir et la solution pour bien s’entrainer ne consiste pas juste à faire des milliers de questions. Vous devez construire un parcours d’entrainement personnalisé selon les sujets que vous voulez travailler. Il y aura des questions d’entrainement mais aussi (...) 


Conseil 1. Comprendre le problème pour mieux le résoudre 

Pour réussir l'examen AMF, il est crucial de bien s'organiser. L'examen comporte 120 questions réparties en deux types : 87 questions de type C (produits et marchés financiers) et 33 de type A (sujets réglementaires). Il faut obtenir 80% de réussite dans (...)


Conseil 2. Soulever le capot

Pour définir les sujets prioritaires il faut comprendre comme est constituée la base de questions d'examen d'où seront tirées les 120 questions le jour J. Où sont les questions les plus difficiles ? Est-ce que tous les points de connaissances sont visés par des questions ? (...)